A l’issue des Assises de l’eau de mars portées par le Conseil départemental et la Préfecture de la Haute-Marne, des groupes de travail ont été constitués afin d’aboutir, à l’automne prochain, à un plan d’actions pour préserver l’eau en Haute-Marne appelé « Pacte de Nogent ». Par exemple, le 16 mai dernier, une trentaine de personnes ont travaillé autour de l’agriculture et la forêt afin de dessiner un diagnostic et les premières pistes.

Agriculteurs, maires, représentants de la forêt, de l’ONF et de l’agence de l’eau Rhin Meuse… ils sont une trentaine à avoir participé au premier groupe de travail « Agriculture et Forêt » issu des Assises de l’eau organisées par le Département et la Préfecture de la Haute-Marne. Michel André, président de la commission Environnement et tourisme, y représentait le Conseil départemental.

Tous ont été accueillis par Marc Poulot, le Président de la Chambre d’agriculture, et Bernard Flammarion, élu Chambre en charge de l’eau. Avant le lancement des travaux, ils ont rappelé deux données importantes : « seuls 5 % des exploitants considèrent la protection de l’environnement comme peu importante » et « contrairement à ce qui a été avancé par l’hydrologue Emma Haziza durant les Assises de l’eau, les subventions agricoles européennes sont liées à des contreparties environnementales. La conditionnalité des aides est particulièrement contraignante et, au vu des objectifs des enjeux climatiques et environnementaux, elle devrait encore se durcir ».

Ce premier groupe de travail avait pour mission d’effectuer un état des lieux de l’agriculture et des forêts haut-marnaises. Ces dernières souffrent du dérèglement climatique avec, comme conséquence des maladies, des dépérissements, de mauvaises plantations ou des risques d’incendie.

En agriculture, le dérèglement climatique pose des problèmes d’abreuvement des animaux, de maintien d’humidité dans les sols, de productions altérées en quantité et en qualité…

Du diagnostic aux solutions

En en faisant le diagnostic puis en évoquant les solutions et des actions, le but est d’aller vers l’adaptation des systèmes et d’anticiper l’avenir pour améliorer la résilience des territoires. 

Par exemple, face à l’affaiblissement des arbres du fait du manque d’eau et des coups de chaud, des essences d’arbres sont sujettes aux maladies et à leur disparition. Comme solutions sont évoqués le choix de nouvelles essences comme le cèdre, des plantations en automne plutôt qu’au printemps, des régénérations naturelles privilégiées ou le choix de plants en motte plutôt qu’en racines nues.

En agriculture, en matière de qualité, il est évoqué le respect des périmètres de captage tout en se posant la question de leur efficacité. Par contre, en matière de quantité, il est d’abord rappelé que la Haute-Marne n’a aucunement recours à l’irrigation. Comme mesure, il apparaît comme nécessaire de capter les eaux pluviales, de vérifier le taux de fuite ou de recourir à la mise en place de haies pour préserver l’humidité du sol.

Le groupe poursuivra ses travaux les 22 juin et 6 juillet prochains à la Chambre d’agriculture. L’idée sera de franchir une étape supplémentaire en abordant les orientations à prendre. Le tout sera synthétiser lors de la clôture des Assises à l’automne prochain qui aboutiront au « Pacte de Nogent ».

Frédéric Thévenin

frederic.thevenin@haute-marne.fr

La quadrature du cercle des agriculteurs

Depuis 13 ans, la Chambre d’agriculture de Haute-Marne est engagée auprès des agriculteurs dans la protection de l’eau. En partenariat avec les trois agences de l’eau, elle travaille sur la qualité de l’eau et la protection des captages avec, par exemple, des résultats probants à Rachecourt, Thonnance, Roôcourt-la-Côte et Leuchey. 

En termes de qualité, en 2021, le monde agricole a pris les choses en main en élaborant un schéma directeur « Eau » défini comme une véritable feuille de route de l’agriculture haut-marnaise. Comme l’explique Bernard Flammarion, « contrairement aux propos d’Emma Haziza, il pleut un petit peu plus dans nos régions mais plus aux mêmes périodes et l’évapotranspiration croissante est source de stresse sur les ressources en eau.

Dans ce cadre, la Chambre d’agriculture a développé le programme Visieau avec la Région Grand Est pour « développer des compétences d’ingénierie de la résilience agricole pour aider les éleveurs à abreuver leur cheptel sans tirer sur les inductions d’eau et en protégeant les nappes ».

Pour Marc Poulot, « il est urgent de répondre aux enjeux de l’économie du vivant au niveau mondial par des solutions adaptées aux besoins de nos territoires ». Il voit quatre défis à relever : la souveraineté alimentaire, la santé Sols Air et Eau et la protection de la biodiversité, la souveraineté énergétique et le développement d’une bioéconomie raisonnée créatrice de valeur localement.

Il résume : « on demande beaucoup voire tout au monde agricole : nourrir, produire de l’énergie, produire des biomatériaux, protéger les sols et l’environnement alors que nous faisons face, comme les autres, à une pénurie de main d’œuvre et des conditions économiques turbulentes ». Il en appelle à tous les partenaires de l’agriculture pour résoudre cette équation « dans un esprit de dialogue, de collaboration, de bienveillance et de fondement scientifique ».