Fin mars, la Fédération départementale des producteurs de lait de Haute-Marne (FDPL 52) était en assemblée générale. Florent Cressot, son président, a rappelé les combats menés par le syndicat. Il a reçu le soutien plein et entier de Nicolas Lacroix, Président du Conseil départemental de la Haute-Marne, pour qui la filière laitière est primordiale sur le territoire.   

En 2014, les éleveurs laitiers haut-marnais produisaient 280 millions de litres de lait. Dix ans après, les 400 ateliers qui restent n’en produisent plus 254 millions de litres. Pour Florent Cressot, Président de la FDPL 52, le constat établi est clair : « les éleveurs décrochent. La production aussi ». Longtemps, l’agrandissement des exploitations compensaient les cessations laitières mais, selon le syndicat, « ce n’est plus le cas depuis 4 ans ». Florent Cressot le dit : « il est impossible de produire sans avoir de visibilité d’un mois sur l’autre et sans qu’il soit rémunéré à son juste prix ».

Tout le combat de la FDPL 52 est résumé en quelques mots par son président : « la rémunération, la transmission et l’installation. Ces sujets sont au cœur des débats au moment où la France va manquer de lait ». Il en ajoute d’autres : « les normes en élevage, la loi Egalim non respectée, le loup ou encore la ressource en eau ».

Florent Cressot n’oublie pas pour autant de citer ce qui fait la fierté du département grâce aux producteurs de lait : les AOP, la filière et la cause environnementale. Il le rappelle : « la vache n’est pas un problème mais une solution sur un territoire comme la Haute-Marne grâce aux pâtures ». 

« Une nécessité sur le territoire »

Les représentants s’agacent alors de voir la différence de prix du lait payé aux producteurs entre laiterie. Alors que l’année 2023 a été « correcte » en matière de rémunération, il déplore que certains transformateurs tirent les prix vers le bas.

Face à des éleveurs qui s’excusent presque de cette année « correcte », Nicolas Lacroix a rappelé qu’il ne devait pas s’excuser de, tout simplement, gagner leur vie. « Votre engagement quotidien le mérite bien ». Il précise que le Conseil départemental sera toujours présent pour les accompagner et pour mettre en place des actions. « Notre entente est importante au moment où le lait est une nécessité sur le territoire. Il en va de la production et de la filière ».

A titre d’exemple, Nicolas Lacroix en profite pour annoncer que le laboratoire départemental prendra en compte la besnoitoise, la nouvelle maladie sur bovins venue du sud de la France. Il annonce également de futures rencontres pour mettre en place les aides du GIP Haute-Marne à l’économie agricole.

Frédéric Thévenin

frederic.thevenin@haute-marne.fr

Le décrochage laitier de la France

Directrice de « Agricultrice Stratégies », Alexandra Kirsch a dressé un état des lieux « objectif » de la production laitière en France et en Europe. Dans la seconde, la production et la consommation augmentent dans les mêmes proportions. En France, la production baisse alors que la consommation s’écroule. Elle explique ainsi le fait que les industriels ne s’inquiètent pas de la baisse des approvisionnements en lait. Elle le dit : « les importations de lait en France existe déjà et elles ne cessent d’augmenter et, en particulier, en lait, beurre en vrac, fromage à pizza… La France produit trop de poudre de lait écrémé et pas assez de matière grasse et de fromages ».

Pour Alexandra Kirsch, le défi des industriels sera de réorienter leur fabrication. Mais, l’autre enjeu est celui du renouvellement des générations. Elle le résume en trois phrases : « six départs sur dix ne sont pas remplacés. La moitié des éleveurs laitiers ont plus de 53 ans et un tiers a plus de 58 ans ». Elle y ajoute un autre problème : « la tendance actuelle, dans les fermes, à la décapitalisation et donc à la vente des animaux ».

Enfin, la directrice considère qu’il faut changer les messages environnementalistes et délivrer les bons :