Ce 9 octobre, la visite du laboratoire départemental d’analyse, à Choignes, a été l’occasion, pour Nicolas Lacroix, Président du Conseil départemental de la Haute-Marne, de faire le point sur la fièvre catarrhale ovine. Les éleveurs qui l’entouraient n’ont pas caché leurs inquiétudes face aux conséquences de cette maladie sur les troupeaux ovins et bovins.
De semaine en semaine, le nombre de cheptel ovin et bovin touché par la FCO ne cesse d’augmenter. Le 3 octobre, 181 foyers connus avaient été recensés et ce 10 octobre, ils sont 256 dont 56 nouveaux. C’est sans compter les élevages qui ne se font pas tester. En fait, la maladie transmise par un moucheron a tendance à se généraliser sur l’ensemble du territoire. Tous les élevages seront touchés à un moment ou un autre.
Ce constat, il a été effectué à l’occasion de la visite de Nicolas Lacroix du laboratoire départemental d’analyse qui, justement, pratique les tests FCO pour les éleveurs haut-marnais. Il était entouré de nombreux éleveurs et représentants d’organismes agricoles.
Les conséquences de la FCO sur les troupeaux
Françis Populus, le nouveau Président du Groupement de défense sanitaire, parle d’une filière laitière directement touchée du fait de la baisse de la production. Quentin Rallet, représentant des Jeunes agriculteurs, explique qu’une vache produisant 45 kg de lait par jour peut passer à 3 kg après avoir contracté la FCO. En moyenne, la perte de lait sur un troupeau est de 20 à 40 %.
Les très fortes fièvres les pénalisent dans leur production mais elles causent également des avortements, des problèmes de fertilité et une forte hausse de la mortalité des plus jeunes animaux. En deux mois, la société d’équarrissage assiste à une hausse de 70 % des ramassages de cadavres bovins et de 420 % d’ovins.
Du côté des ovins, Samuel Guenin, lui-même éleveur et représentant de la section ovine à la FDSEA, explique avoir vacciné sa troupe en août dernier et avoir ainsi limité la mortalité. « Il n’en est pas de même pour mes collègues qui sont fortement touchés avec les mêmes conséquences que les bovins » dit-il.
Les problèmes évoqués sont le retard dans l’accès au vaccin, la contrainte des deux injections sur les bovins, les deux mois pour être efficace et le remboursement par l’Etat du vaccin sérotype 3 alors qu’il en existe 27 variantes.
L’inquiétude des éleveurs
Aujourd’hui, les éleveurs attendent la nouvelle production de vaccins remboursés par l’Etat mais ils déplorent que les frais de vétérinaire ne soient pas pris en charge tout comme les traitements ou encore les deuxièmes et troisièmes dépistages. Ils s’inquiètent aussi de la pénurie de médicaments et de voir que les vétérinaires sont surchargés de travail. Samuel Guenin demande, de surcroît, la mise en place de surveillance pour suivre l’évolution de la maladie.
Les représentants du monde agricole font état des inquiétudes des éleveurs et des conséquences de cette crise sanitaire. « Il est possible que la baisse du cheptel français et haut-marnais ne se relève jamais ». En attendant, Nicolas Lacroix annonce que le Département viendra en soutien de l’Etat lorsque les aides seront clairement établies. Une enquête menée par la FDSEA, les Jeunes agriculteurs, la Chambre d’agriculture et la FDPL va permettre d’estimer les pertes et Cobevim va conduire une opération de testage des béliers le 18 octobre pour mesurer leur stérilité. Car, comme le dit le Président du Département : « les conséquences de la FCO seront visibles sur le long terme et bien au-delà des mois actuels ».
Frédéric Thévenin
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