Depuis 2022, un vent nouveau souffle sur la ferme des Quatre vents avec la création du Moulin du plateau à Saint-Ciergues. La production de céréales s’étend désormais jusqu’à leur transformation en farine. Des graines à la farine, en passant par l’énergie photovoltaïque, sans oublier les poules, la valorisation en circuit court rythme le Moulin au quotidien.
Philippe Camus, installé en 1988 sur l’exploitation familiale de 90 ha a toujours eu à cœur de respecter le travail « des anciens ».
Exit la production intensive, il prône la qualité avant tout. En 2003, il s’oriente vers l’agriculture de conservation des sols. Moins travailler la terre, cultures en rotation, mise en place de couvertures permanentes, prendre soin et respecter la terre nourricière l’anime.
En 2010, Philippe rejoint le dispositif DEPHY, dont l’objectif est de travailler d’autres techniques afin de réduire fortement l’usage de produits phytosanitaires. Les expérimentations s’avérant concluantes, naturellement il s’est converti en 2017 à l’agriculture biologique. « Si les techniques sont les mêmes que nos ancêtres, le matériel et les techniques ont beaucoup évolué comme le binage par caméra”.
Partageant l’envie d’être de plus en plus autonome, avec son cousin Fabien Camus, ils se lancent dans l’idée de transformer la production et de la valoriser en circuit court grâce à la création d’une meunerie bio.
Un projet bien germé
L’ex mécanicien agricole se lance dans l’aventure de la meunerie en 2019 comme salarié puis comme associé en 2022. Le blé meunier d’hiver et de printemps, le blé dur, le seigle, le petit épeautre, le sarrazin, le colza, le tournesol, les lentilles (vertes et corail) se partagent les 140 ha de l’exploitation.
Pendant que Philippe Camus est à la culture, Fabien Camus est à la meunerie qui a trouvé sa place dans un nouveau bâtiment de plus de 700 m² dont la toiture est recouverte de panneaux photovoltaïques, un investissement global de 250 000 €. « On produit le double que nous consommons », le photovoltaïque est rentable confirme pour l’heure Philippe Camus.
Dans la série rien ne se perd, les « bons » déchets extraits du moulin à l’issue de la fabrication de la farine, servent en grande partie à nourrir les 200 poules pondeuses bio élevées en plein air et des lots de poulets de chair (environ 100 poulets tous les 4 mois) vendus directement à la ferme après être abattus à Saint-Dizier. Et côté fertilisation pour les champs, les fientes de poules sont idéales tout comme le trèfle broyé servant de compost.
Un circuit court exemplaire
Quant au moulin, il a produit 43 tonnes de farine bio en 2023. « On espère pouvoir doubler cette quantité mais le contexte économique ne nous aide pas. Entre le métier de boulanger qui s’amenuise, le pouvoir d’achat des ménages qui baisse et la diminution de la consommation de l’alimentation bio, arriver à en vivre économiquement n’est pas encore assuré à 100% » confie le meunier.
Les farines réalisées à partir de céréales biologiques produites exclusivement sur l’exploitation ne contiennent aucun additif. Les grains moulus sur meules de pierre, donnent des farines riches en nutriments, fibre, vitamines, oligo-éléments, minéraux et protéine car le germe est préservé. Les farines blanche, semi-complète, complète ou intégrale, fraichement sortie du moulin sont aussitôt conditionnées à la main en sacs de 25, 5 et 1 kg avant de rejoindre les étals des rayons de supermarchés locaux ou en vente direct à la ferme.
Maryline Meunier
maryline.meunier@haute-marne.fr
Les aides du Département
Au titre de la diversification agricole, pour cette construction, le Département leur a octroyé une subvention de 9 000 € en cofinancement avec la Région Grand Est et l’Europe.
En 2023, 2,3 tonnes d’épicerie (farine, petit épeautre et lentilles) ont été vendues via la plateforme Agrilocal 52. Des résultats encourageants qui ont permis de dégager 4 200 € de chiffre d’affaires. Plusieurs collèges et la Maison de Courcelles sont leurs principaux clients.