Le Moulin de la Fleuristerie, à Orges, fête 120 ans de techniques ancestrales et de relation étroite avec le monde de la mode et du luxe grâce à sa confection de fleurs artificielles. A cette occasion, Annette et Emmanuel Geoffroy proposent une exposition qui évoque ce monde de la création. Présentation d’un site unique en France et de la seule confection de pistils au monde qui symbolisent la Haute-Marne.

Le Moulin de Fleuristerie, à Orges, est un lieu de contraste. Il fait le grand écart entre une bâtisse de bientôt 760 ans, un savoir-faire qui perdure depuis 120 ans et la délicatesse des fleurs qui y sont confectionnées et qui séduisent les maisons de Haute Couture et le monde du luxe.

En entrant dans le moulin, le visiteur est transporté dans l’époque de l’industrialisation qui redevient d’actualité. Au moment où il est question d’énergie renouvelable, le moulin est dans l’ère du temps en se servant de l’eau comme source d’énergie. En dépit des sécheresses qui se succèdent, le débit des deux sources résurgentes reste suffisant. Il est de 300 litres par seconde en période d’étiage et va jusqu’à 3 000 litres. « L’eau rythme la vie du moulin » selon Emmanuel Geoffroy, le propriétaire.

La roue à aube, toujours en place et toujours majestueuse, est à l’origine de toutes les productions. Pistils, pétales, feuilles et fruits artificiels éclosent au moulin et partent dans le monde entier grâce aux créateurs de Haute Culture, aux costumiers de cabaret, aux décorateurs de cabaret, aux paruriers de mode…

Le Moulin et ses 2 300 références

En tant que protecteur d’un patrimoine, Emmanuel Geoffroy raconte avec humour le processus de fabrication des fleurs, du métier à guiper qui consiste à couvrir le fil de fer central de coton pour y joindre pistils, étamines et feuilles à la préparation des tissus qui seront collés après découpe et gaufrage.

Le Moulin de la Fleuristerie possède 2 300 références et la prochaine collection sera en lien avec le Parc national des forêts. Pour la réalisation et les assemblages, tous les outils utilisés sont ceux d’origine. Tout supporte le poids des années et montre l’ingéniosité des systèmes et de la chaine de production inventés au début du XXe siècle.   

Face à des visiteurs venus de Namur, en Belgique, Emmanuel Geoffroy s’amuse du « couteau à pistil qui a, peut-être, été à l’origine du couteau à pizza » tout en pensant aux couteliers de Haute-Marne. Il détaille les plus ou moins nombreux trempages des pistils dans des bains pour leur donner des tailles et des couleurs différentes. Ces pistils sont assemblés au reste de la fleur ou peuvent être vendus en pièces détachées. D’ailleurs, le couple Geoffroy se définit comme « les seuls pistilliers au monde à encore utiliser une roue à aube ».

La longévité du moulin

Ces 120 ans d’existence est la preuve d’une incroyable longévité, d’un savoir-faire ancestral qui est d’ailleurs labellisé « Entreprise du patrimoine vivant ». Les deux gérants travaillent à la commande, sur de petites quantités et, parce qu’ils n’ont pas de salariés, ils n’ont pas été obligés de se mettre aux normes. Ils complètent leur activité en organisant des visites (170 000 visiteurs en 30 ans), des réceptions, en faisant de l’hébergement et en produisant de l’électricité. Dans le cas contraire, la Moulin de la fleuristerie aurait disparu. 

Pour cette raison, Emmanuel Geoffroy s’interroge déjà sur « la transmission de ce savoir-faire avec, pourquoi pas, un système de gérance pour garder en Haute-Marne une entreprise unique au monde ». Il imagine aussi la création de nouvelles activités comme le maraîchage ou l’horticulture pour faire éclore d’autres fleurs.

Frédéric Thévenin

frederic.thevenin@haute-marne.fr

120 ans de confection et de relations avec les plus grandes marques

Pour les 120 ans de l’atelier du Moulin de la fleuristerie, Annette Geoffroy a voulu « marquer le coup » en imaginant une exposition autour de la création « d’aujourd’hui et de demain ». Au-delà de la confection de fleurs, elle a tenu a montré la place de ce métier d’art dans la vie actuelle.

Ainsi, des créateurs de mode et de grandes maisons de couture comme Chanel ou Cécile Boccara ont prêté leurs réalisations. Le lycée Octave Feuillet, une école parisienne dédiée au milieu de la mode, est également présent dans l’exposition.

Et comme le moulin fête ses 760 ans l’an prochain, Annette Geoffroy imagine déjà l’organisation d’événements à la hauteur de la bâtisse en 2024.     

Les rendez-vous :

4, chemin de la Fleuristerie à Orges

Renseignements au 06.22.10.89.48.