Voté le 26 mai dernier par les élus du Conseil départemental de la Haute-Marne, le plan de soutien aux éleveurs haut-marnais faisant face aux attaques de loups entre dans les faits. Les formulaires sont désormais accessibles ainsi que le règlement (voir encadré). L’occasion d’effectuer un point sur les prédations depuis le début de l’année.
La Haute-Marne est le département du Grand Est qui subit le plus de dégâts du fait de la présence de loups sur son territoire. Cette tendance délivrée par la Mission Loup de la direction régionale de l’Environnement, de l’Agriculture et du logement d’Auvergne-Rhône-Alpes est valable pour 2022 et les six premiers mois de 2023.
Pour 2022, les données administratives font apparaître (après reconnaissance officielle de l’Office français de la biodiversité) 21 constats et donc, a minima, 21 attaques en Haute-Marne dont la plupart se situe autour de Noncourt-sur-le-Rongeant, dans le secteur de Poissons. En 2018, « seules » quatre attaques avaient été recensées. Le nombre de dommages aux troupeaux ovins est donc en forte augmentation constituant une réelle préoccupation pour les éleveurs.
En termes de prélèvements, toujours en 2022, 49 moutons sont morts lors de ces attaques. Alors que la Meuse n’a subi « que » 19 attaques, le département voisin dénombre 53 victimes. Il est à noter qu’aucun tir de défense par l’OFB, un lieutenant de louveterie ou un éleveur n’a été réalisé en Haute-Marne et dans le Grand Est.
Seize attaques de loup en six mois
Durant les six premiers mois de l’année 2023, la situation s’aggrave encore. Seize prédations ont été enregistrées officiellement en Haute-Marne. L’année précédente, sur la même période, il y en avait eu sept ! Pour expliquer cette tendance, alors que l’OFB ne reconnaît la présence que d’un seul loup en Haute-Marne, le monde agricole parle davantage de trois individus. L’un, effectif et filmé, autour de Noncourt-sur-le-Rongeant avec, en plus, la présence d’un lynx. Un autre dans le secteur de Clefmont, Montigny, Bourbonne-les-Bains, Lamarche. Un troisième dont la piste a été suivie entre Chameroy et Rochetaillée, dans le Parc national des forêts.
Outre l’augmentation du nombre d’attaques, les éleveurs représentés par Samuel Guenin, élu FDSEA Haute-Marne lui-même éleveur ovin à Villars-Santenoge, s’inquiètent de la création de meutes. Il résume : « le loup et en particulier le jeune mâle n’est pas un animal solitaire. Il ne faut pas se leurrer. Il va attirer des femelles ».
Les préoccupations montent encore d’un cran en voyant que les loups ne se contentent plus des moutons. Ils s’attaquent désormais aux petits bovins. Raison pour laquelle, la délibération du Conseil départemental de la Haute-Marne au sujet du « plan de soutien aux éleveurs haut-marnais face aux attaques de loups » ne spécifie pas l’espèce attaquée. Il concerne tous les éleveurs, ceux en ovins comme ceux en bovins ou en équins.
« Soulager les éleveurs »
Voté le 26 mai dernier et après avoir été soumis à la Préfecture, le plan est désormais effectif. Samuel Guenin souligne l’importance de la prise de conscience du problème par les élus. « Peu d’acteurs politiques ne prennent position alors que les éleveurs sont démunis » dit-il. A Noncourt, Jean-Philippe Bay, un autre éleveur, raconte « tendre le dos en permanence ». Il note l’absence d’attaque depuis près de deux mois et l’explique par la mise en place d’un canon à proximité de la troupe. Il tire toutes les minutes et 24 h sur 24. A terme, il craint que le loup qui est régulièrement vu à proximité ne s’habitue et entre dans la parcelle.
Il estime que l’aide apportée par le Conseil départemental de la Haute-Marne aux éleveurs est « un complément intéressant aux aides de l’Etat ». Pour lui, les besoins se font essentiellement sentir en termes de main-d’œuvre pour se protéger du loup. Notamment pour poser des clôtures. « Cette aide ne peut que soulager des éleveurs parfois désœuvrés face au loup » conclut Samuel Guenin.
Frédéric Thévenin
frederic.thevenin@haute-marne.fr
Le plan de soutien aux éleveurs
Sur une unique feuille, le formulaire de demande d’aide se veut simple et efficace. Il est associé à une page d’explications avec l’adresse d’envoi et le règlement.
Le soutien départemental prend la forme d’une indemnisation des pertes et/ou d’une aide d’investissement, pour ce qui n’est pas pris en charge par l’Etat, dans la limite de 80 % du coût, tous financeurs confondus.
Ce soutien est plafonné à 2 000 € par exploitation et par an (avec application de la transparence Gaec dans la limite de deux associés) ou à 6 000 € par structure collective et par an.
Pour l’année 2023, les aides ne sont possibles qu’à compter du 5 juin 2023 (date exécutoire de la délibération du Département). Vous trouverez ci-joint tous les détails utiles dans :