Le Département de la Haute-Marne a pour ambition de favoriser les produits issus de l’agriculture haut-marnaise. C’est ainsi qu’il a mis en place en 2019, en lien avec le réseau Agrilocal, la plateforme agrilocal52.fr, qui permet en quelques clics de mettre en relation des acheteurs publics, des restaurateurs et des associations avec des producteurs locaux.
L’objectif de cette démarche est de mettre à l’honneur les producteurs et artisans locaux, de valoriser le patrimoine culinaire et de sensibiliser sur les enjeux du « manger local ». De son lancement le 1er septembre 2019 au 1er janvier 2023, Agrilocal52 n’a cessé de se développer et a connu en 2022 une année record qui illustre la volonté du Département de monter en puissance sur la valorisation des produits locaux, en particulier dans les cantines scolaires des collèges.
2019 (3 derniers mois seulement) | 2020 | 2021 | 2022 | |
Nombre de commandes effectuées | 70 | 496 | 1125 | 1352 |
Au total sur l’année 2022, la plateforme du Département agrilocal52.fr a permis aux acteurs de commander un total de 51.000 kg de produits locaux pour un total de 183.033 €.
Ces produits sont issus de 96 fournisseurs hauts-marnais inscris sur la plateforme, dont :
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- 27 maraîchers (dont 19 en BIO)
- 15 producteurs laitiers (dont 5 en BIO)
- 4 éleveurs de volaille
- 8 éleveurs de bovins (dont 2 en BIO)
- 2 éleveurs de porc/charcutier
- 5 producteurs d’œufs (dont 2 BIO)
- 5 apiculteurs (dont 1 BIO)
- 4 boulangers (dont 1 BIO)
Le Département entend mettre les produits issus de l’Agriculture locale dans les assiettes
En Haute-Marne, les collèges sont particulièrement impliqués dans le dispositif. Le Département, soucieux de garantir la qualité des repas aux collégiens, se mobilise pour soutenir l’agriculture de proximité en introduisant des produits locaux dans ses établissements afin de permettre aux enfants d’avoir une alimentation saine et de qualité.
Ainsi, en 2022, la distance moyenne d’approvisionnement pour les collèges est de 31 km. Au total, sur l’année 2022, l’activité des collèges sur Agrilocal52 s’élève ainsi à 91 594 € TTC.
Rien de compliqué avec Agrilocal
A Lannes, Cyril Billard est l’un des agriculteurs fournisseurs du réseau Agrilocal. Ces fruits et légumes se retrouvent ainsi dans des collèges du département. Présentation.
A la tête de l’Earl des Vergers de la Tresse, à Lannes, Cyril Billard est installé sur 30 ha depuis 2013. Il y produit des céréales mais aussi une large gamme de fruits et légumes : pommes, poires, pommes de terre, oignons, échalotes, carottes, ails, endives… Selon ses propres mots, l’homme de 40 ans s’inscrit dans une démarche d’agriculture très raisonnée qui pourrait prétendre au label Bio.
A la reprise de l’exploitation de ses parents, il est parti de 70 ares de pomme de terre, a développé la partie légumes et fruits pour arriver, aujourd’hui, à 3 ha de vergers. Par exemple, ces deux dernières années, il a planté 1,5 ha de pommiers afin de produire en plus grand nombre chaque variété.
Côté commercialisation, Cyril Billard a rejoint le magasin de producteurs « Esprit paysan » de Langres mais, surtout, depuis 4 ans, il est entré dans le réseau Agrilocal. Il est l’un des premiers agriculteurs de Haute-Marne et explique que les démarches sont très simples : « je consulte les appels d’offres sur le site et j’y réponds en fonction de la marchandise disponible ».
Il précise que « depuis l’augmentation du prix des carburants, il prend en compte sa position géographique pour limiter et optimiser les coûts de livraison ». C’est ainsi qu’il livre ses produits dans des collèges autour de Lannes, à Langres, Nogent, Montigny, Chalindrey et Fayl-Billot. Il insiste sur la simplicité des démarches : « rien de compliqué » et vante aussi l’accompagnement de Fabrice Hubrecht, technicien Agrilocal, qui encadre tous les fournisseurs.
Cyril Billard le dit : « j’aimerais travailler encore davantage et mieux avec Agrilocal ». Mais, il reste avant tout un agriculteur à la merci de la météo et donc de productions et de rendements variables en fonction des années. L’avantage est, pour lui, de décider des prix de vente. Il lui suffit de s’ajuster par rapport aux besoins des collèges.
Il termine en indiquant qu’une mutualisation des commandes est en discussion. « Tous les fournisseurs apporteraient leurs produits sur un même site et un seul livreur iraient dans les collèges. L’idée est de parcourir moins de kilomètres et, pour les collèges, de n’avoir qu’une seule livraison plutôt que plusieurs dans une journée ».
« Agrilocal, ça fonctionne bien »
Au collège Françoise Dolto de Nogent, le chef Cédric Corraze s’approvisionne en produits locaux grâce à Agrilocal. Il y trouve de multiples vertus : soutenir les agriculteurs, travailler des produits ayant du goût et même, parfois, limiter les coûts d’achat.
Cédric Corraze est chef de cuisine au collège Françoise Dolto de Nogent depuis 2017 et, dès son arrivée au Conseil départemental, il a exprimé sa volonté de travailler avec les producteurs locaux et en circuit court. Or, effectuer des démarches dans ce sens individuellement était trop lourd. Naturellement, il a donc adhéré pleinement à la plateforme Agrilocal dès sa création. Le collège de Nogent s’est même porté volontaire pour profiter de cette mise en relation entre fournisseurs et acheteurs.
Ainsi, des yaourts et le fromage blanc de chez Laistelle, à Graffigny-Chemin, entrent dans les cuisines du collège ainsi que 100 % des œufs venus de Chant Poule, à Louvières. Cédric Corraze travaille aussi avec Cyril Billard pour, en ce début d’année, ses oignons, carottes et pomme de terre. Ses demandes évoluent en fonction des saisons.
Outre le fait de soutenir les producteurs locaux, le chef de cuisine ne cache pas sa fierté de proposer aux collégiens des produits qui ont du goût. Il appuie : « j’aime le goût et les produits qui en ont sont toujours plus faciles à travailler ». Par exemple, ils demandent moins d’assaisonnement. Cédric Corraze cite notamment les carottes râpées de Cyril Billard qui « ne sont pas fades et donc plus goûteuse ».
Pour lui, la démarche Agrilocal fonctionne bien et il en profite pour contredire quelques préjugés. « Certains produits issus des producteurs locaux comme les légumes sont moins chers que dans les circuits plus longs. D’autres comme les produits laitiers sont légèrement plus onéreux mais ils sont de meilleure qualité. Ils ne contiennent pas d’eau et sont plus consistants. La qualité se paie mais on s’y retrouve ».
Le cuisinier attend beaucoup de la construction du nouvel abattoir porté par le Conseil départemental de la Haute-Marne. Pour l’instant, il est compliqué, pour lui, de se fournir en viande local en circuit court. Avec l’abattoir, il espère même diminuer les coûts d’achat. Cédric Corraze ambitionne aussi d’étoffer ses commandes en produits laitiers en se fournissant en lait et en crème.