Ce 16 février, Nicolas Lacroix, le président du Conseil départemental de la Haute-Marne, est allé, une nouvelle fois, à la rencontre des Hauts-Marnais et plus particulièrement du monde agricole et rural dans le canton de Villegusien-le-Lac. Au programme : les volailles d’Hippolyte Babouillard à Leuchey, la brasserie La Lingone à Rivière-les-Fosses et la ferme Bel’Air à Occey.

A Leuchey, la ferme d’Hippolyte Babouillard est l’illustration parfaite des circuits courts. Sur un peu moins de 2 ha, il élève des poules pondeuses pour les oeufs, poulets, cailles, lapins, pintades… Le tout en plein air pour une commercialisation de proximité grâce au magasin de producteurs Multiferm à Val d’Esnoms et à la plateforme Agrilocal mise en place par le Conseil départemental.

Nicolas Lacroix y a effectué une visite ce 16 février et a constaté l’extrême quiétude des animaux et de l’éleveur. Hippolyte Babouillard a d’ailleurs un discours très clair autour du bien-être animal. Installé depuis 2006, il refuse de confiner ses animaux avec l’autorisation de la Préfecture. Par exemple, les poulets sortent sur prairie à partir de 10 semaines et il n’y voit que des avantages : « cela stimule l’immunité. Je n’emploie pas de médicaments et ne rencontre aucun problème sanitaire ». Résultat : les pertes sont limitées à 4 % dont deux points dus aux rapaces.

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Hippolyte Babouillard abat 200 à 300 volailles par semaine grâce à huit bâtiments sur son site. Chaque parc compte 600 poulets nourris aux graines locales (blé, orge, triticale…) et, grâce à une rotation perpétuelle, ils sont tués à l’âge de 16 à 20 semaines. Il travaille avec deux races, les « Cou nu » et « Faviroux », ainsi que les mâles et femelles, pour avoir une large gamme de poids et satisfaire tous ses clients.

Même les lapins sont élevés en plein air avec, à portée de main, un foin d’extrême qualité et l’origan comme antiseptique naturel. Même s’il pourrait y prétendre, l’éleveur ajoute : « je ne suis pas en bio car je ne supporte pas l’idée de payer un certificat pour produire de la qualité. On devrait nous le donner gratuitement pour nous remercier ».

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Pour l’avenir, Hippolyte Babouillard compte sur le remembrement qui a été lancé depuis 20 ans et qui permettrait de regrouper ses petites parcelles en un lot de 4 ha et, au nom des producteurs de Multiferm, il mise beaucoup sur la construction du nouvel abattoir mené par le Conseil départemental. Dans le cas contraire avec l’obligation de se déplacer pour faire abattre leurs animaux, ils ont estimé un surcoût, pour la structure, de 60 000 €.

L’esprit pub anglais à la bière « La Lingone »

Direction ensuite Rivière-les-Fosses pour Nicolas Lacroix pour rencontrer les propriétaires de la brasserie « La Lingone ». Depuis septembre 2022, quatre salariés s’affairent à confectionner une gamme de sept bières. Et, comme le dit l’un d’eux, le produit répond à un marché en pleine croissance et à une forte saisonnalité. « La gamme évolue donc et les brasseurs s’appliquent à répondre à la demande et aux goûts ».

Pour la petite histoire, la brasserie est née d’un réseau d’amis dans l’idée de produire du whisky qui, lui aussi, est en forte demande. Et comme, à l’exception du houblon, la production de whisky et de bière se ressemble, les amis ont ouvert le champ des possibles. D’ailleurs, du « pur malt » est déjà en fût et du whisky sera commercialisé dans trois ans.

François Mauffré, le président, et Jérémie Poppé ont procédé à la visite de la salle de brassage à la mise en bouteille en passant par la zone de fermentation. Ils ont bien insisté sur leur démarche éco-responsable avec l’utilisation de plaquettes déchiquetées pour le chauffage du site et l’eau issue de deux sources proches. Son utilisation est optimisée pour que la brasserie utilise à peine quatre litres pour produire un litre de bière. Ailleurs, il est davantage question de sept litres d’eau.

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L’équipe est dans une démarche bio et demandera, peut-être, le label « Nature et Progrès ». Pour cette première année, elle se heurte à la hausse du coût des matières premières : verre, capsule, étiquette, carton, caisse en plastique consignée… Malgré tout, le site tient aussi sa force dans l’espace d’accueil à un pub anglais. Les dirigeants ont voulu en faire un lieu de vie pour des soirées privées, des séminaires, des assemblées générales ou des après-midis rugby…

jérémie Poppée

Le Ferme Bel’Air à Occey

Arrivé à la Ferme Bel’Air, à Occey, Nicolas Lacroix découvre des précautions d’usage liées à la grippe aviaire. Toutes les volailles sont enfermées par lot de 1 400 sur trois zones : celle des poulets, dindes et chapon, celle des poules pondeuses et celle des canards, pintades et oies. En poulets, les rotations se font sur quatre semaines pour, au bout du compte, commercialiser 12 000 volailles par an.

A l’exception des chapons, tous les animaux arrivent à un jour pour une bonne acclimatation et moins de maladies. Malgré tout, la grippe aviaire rend compliqué l’approvisionnement et, notamment, en canetons.

Stéphanie et Christophe Peltey s’appuient sur le soutien de deux salariés durant les journées d’abattage pour, ensuite, des ventes en boutique sur place ou des réseaux partenaires comme « la ruche qui dit oui ». Les deux éleveurs tiennent particulièrement à ces ventes directes de proximité afin de contrôler l’entièreté de leur production. Les céréales proviennent d’une ferme proche et l’aliment est conçu sur place avec du soja, des minéraux et de l’huile de colza. Et pour maîtriser vraiment le tout, le couple Peltey transforme les invendus en terrine, quenelles et autres produits en conserve.

Frédéric Thévenin

frederic.thevenin@haute-marne.fr

L’Esprit Paysan souffle sur Saints-Geosmes

Le magasin Esprit Paysan à Saints-Geosmes a ouvert ses portes à la fin de l’année 2022 pour un démarrage en fanfare. 19 associés en sont les détenteurs et ils s’appuient sur 43 autres producteurs pour offrir une gamme complète de produits qui proviennent, au maximum, de 150 km. Les circuits sont aussi leur credo. Exigence supplémentaire : 70 % des ingrédients transformés doivent être issus des fermes.  

Le site de 200 m2 est géré par trois salariés dont un boucher, une apprentie auxquels s’ajoutent, en permanence, deux producteurs. Ils sont dans l’îlot central et peuvent répondre à toutes les questions des clients.

Pour Florent Cressot, le président de la structure, le but était de réunir tous les producteurs des alentours et de leur offrir la possibilité d’avoir une visibilité. En multipliant le nombre d’agriculteurs, il s’assure aussi de ne pas avoir de ruptures d’approvisionnements. « Il faut que les référencements soient toujours les mêmes » dit-il. Dans cette logique, il est particulièrement heureux de la construction du nouvel abattoir à Chaumont.

Autre bonheur : Nicolas Lacroix lui a annoncé la mise en place d’une aide supplémentaire par le GIP pour l’immobilier commercial en circuit court. Florent Cressot peut ainsi prétendre à 90 000 € d’aides supplémentaires.

Esprit paysan