Le 17 octobre, le Conseil départemental de la Haute-Marne et la Ville de Chaumont ont dévoilé, ensemble, le programme 2023-2024 du cycle des « Conférences du Mardi » organisé par les Archives départementales et le Musée d’Art et d’Histoire. La première conférence a lieu dès ce 24 octobre autour de la famille de Guise.

A partir du 24 octobre puis un mardi par mois jusqu’à mai, tous les curieux d’histoire, d’histoire de l’art et d’histoire des collections seront les bienvenus aux Conférences du Mardi, à Chaumont, à 20 h 30, tantôt au Conseil départemental (Salle Niederberger, entrée par la rue du Capitaine Tassard), tantôt au Musée d’Art et d’Histoire, pour écouter des présentations de grande qualité. L’entrée est libre et gratuite.

La saison 2023-2024 se place une nouvelle fois sous le signe de l’inédit et de la variété. Côté Archives départementales, le thème de la mémoire occupera la première partie du cycle, mémoire sur le long terme avec l’héritage de la famille de Guise à l’époque contemporaine, mémoire sur le court terme avec le pardon des crimes des soldats à la fin de la Guerre de Cent Ans. Puis le thème du sport sera mis à l’honneur, en 2024.

Le Musée, quant à lui, proposera des conférences sur l’archéologie ou la peinture mais aussi sur l’histoire des disciplines (comme l’étude de la sculpture champenoise) ou sur l’image de l’institution muséale dans la littérature. 

Programme 2023-2024 des Conférences du mardi

24 octobre 2023 : Damien Halter, doctorant en histoire à l’Université de Lorraine, professeur agrégé d’histoire

Les Guises à l’écran : représentations cinématographiques et télévisuelles

De la fin du XIXe siècle jusqu’au XXIe siècle, la famille de Guise connait de nombreuses représentations tant au cinéma qu’à la télévision. Celles-ci constituent une mémoire propre à ce clan et à ses membres, à commencer par le duc Henri. Son assassinat, mais aussi le rôle des Guise dans les guerres de Religion au XVIe siècle, tout comme leur parenté avec Marie Stuart, sont autant de sujets régulièrement mis en scène.

Au Conseil départemental, salle Pierre Niederberger, entrée par la rue du Capitaine Tassard (Chaumont) – 20h30

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14 novembre 2023 : Vincent Marchaisseau, responsable d’opération et archéologue du bâti et Christèle Baillif-Ducros, anthropologue biologiste

Les opérations archéologiques autour des monuments religieux : de nouvelles données architecturales et funéraires à partir de quelques exemples champenois (Aube, Marne et Haute-Marne)

En avril 2022, un diagnostic archéologique, mené par l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), a été réalisé aux abords de la basilique Saint-Jean-Baptiste dans le cadre des travaux de restauration du monument. Ces travaux, limités dans le temps et en surface d’intervention, permettent de réattribuer aux édifices un pan de leur histoire et de fournir de nouvelles données sur leurs fondations à travers l’étude de leurs maçonneries antérieures à celles visibles. De même, la fonction religieuse de ces monuments implique bien souvent la présence d’un espace cimétérial aménagé autour, qui sont les précieux témoins de ces histoires villageoises et plus largement de l’évolution des pratiques funéraires au cours des siècles.

Au Musée d’Art et d’Histoire (Chaumont) – 20h30

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12 décembre 2023 : Quentin Verreycken, docteur en histoire et chargé de recherches à l’Université catholique de Louvain

Pardonner et punir les crimes du soldat au sortir de la guerre de Cent Ans

Dans le royaume de France au XVe siècle, les violences charriées par la guerre de Cent Ans forgent une image particulièrement négative de l’homme de guerre. Face aux exactions perpétrées par les soldats (pillage, brigandage, viol, destruction), il devient urgent pour les autorités de réagir. Mais à une époque où la notion de « crimes de guerre » n’existe pas, pas plus que les conventions de Genève ou les tribunaux pénaux internationaux, comment réguler efficacement la violence militaire ? À la fin du Moyen Âge, dans un contexte de renforcement du pouvoir monarchique et de restauration de la justice, c’est par le biais de la répression mais également du pardon que le gouvernement royal parvient tant bien que mal à mettre au pas les gens de guerre.

Au Conseil départemental, salle Pierre Niederberger, entrée par la rue du Capitaine Tassard (Chaumont) – 20h30

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16 janvier 2024 : Geneviève Bresc, directrice honoraire du département des sculptures du musée du Louvre

Étudier la sculpture champenoise : un enjeu intellectuel et politique ? 

L’étude de la sculpture en Champagne à la fin du Moyen Âge et à la Renaissance a bénéficié ces dernières années de travaux importants qui ont radicalement changé le regard porté sur cet art. Mais il faut rendre hommage aux pionniers de la discipline, aux érudits des deux derniers siècles, aux sociétés savantes, aux archivistes, aux conservateurs de musée, qui ont rassemblé un matériel considérable, découvert des documents, sauvé des œuvres.  Si les conclusions étaient souvent déformées par l’idée que l’art médiéval était français, national, naturel et « primitif », et qu’un présumé italianisme, étranger et artificiel, l’avait dénaturé, le corpus qui a été alors rassemblé sert de base à toute étude. 

Au Musée d’Art et d’Histoire (Chaumont) – 20h30

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20 février 2024 : Nathalie de Vernon, historienne des parcs et jardins et paysagiste conseil

Les jeux dans les jardins

Depuis l’Antiquité, les jeux sont liés aux jardins et aux rapports sociologiques des humains et de la nature.

Jeux d’adresse, de hasard ou de société étaient pratiqués dans de nombreux jardins ainsi que sur les places, rues et estaminets des villages. Considérés dans l’Antiquité comme rituels et comme entrainement militaire entre deux partenaires, engageant leur esprit de combat, de stratégie et d’argent entre les batailles, ils deviendront plus tard une activité de loisir, voire une recommandation médicale.

Au Conseil départemental, salle Pierre Niederberger, entrée par la rue du Capitaine Tassard (Chaumont) – 20h30

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19 mars 2024 : Matteo Gianeselli, conservateur du patrimoine au musée national de la Renaissance-château d’Écouen

La résurrection d’Antoine Caron

Une récente exposition du musée national de la Renaissance a permis de remettre en lumière la figure quelque peu négligée d’Antoine Caron (1521-1599), lui qui pourtant travailla pour tous les rois de France, de François Ier à Henri IV. Matteo Gianeselli reviendra sur les grandes étapes de la carrière de ce brillant artiste, miroir de la sophistication de la cour des derniers Valois, autour de Catherine de Médicis. Les peintres de l’école de Fontainebleau sont réputés pour leur art sensuel, nourri de la fable antique et des mythes païens. Il s’agira aussi d’évoquer la production religieuse d’Antoine Caron, un pan moins connu, et notamment son chef-d’œuvre, La Résurrection du Christ du musée départemental de l’Oise, qui connut une fortune considérable. Une copie de ce tableau orne d’ailleurs le transept de la basilique Saint-Jean-Baptiste de Chaumont.

Au Musée d’Art et d’Histoire (Chaumont) – 20h30

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9 avril 2024 : Eric Monnin, vice-président de l’Université de Franche-Comté, directeur du CEROU, Ambassadeur de Paris 2024

Des Jeux antiques à Paris 2024, 3 000 ans d’Olympisme

Dès 1829, les premières fouilles du sanctuaire d’Olympie sont inaugurées dans le cadre de l’expédition de Morée. Au fil des expéditions successives, douze siècles de pratiques sportives antiques réapparaissent à la lumière avec ses 921 vainqueurs dont les prestigieux Milon de Crotone ou Léonidas de Rhodes.

Le 23 juin 1894, un jeune aristocrate français, âgé de 29 ans, Pierre de Coubertin réussit l’exploit, de rétablir les Jeux antiques et de créer un Comité international des Jeux olympiques qui deviendra le Comité international olympique (CIO).

Depuis les premiers Jeux modernes organisés en 1896 à Athènes, plusieurs auteurs appréhendent leur histoire à travers quatre ères « olympiques » : idéologique (1896 – 1936), politique (1936 – 1984), économique (1984 – 2000) et du développement durable (depuis 2000).

Outil de revendications ou de propagande, vitrine internationale de la force et de la puissance des nations concurrentes en temps de paix, l’olympisme intéresse les historiens par bien des aspects, tandis que se prépare la XXXIIIe Olympiade à Paris.

Au Conseil départemental, salle Pierre Niederberger, entrée par la rue du Capitaine Tassard (Chaumont) – 20h30

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14 mai 2024 : Isabelle Roussel-Gillet, professeur de littérature et muséographe, coresponsable du master expographie-muséographie de l’Université d’Artois

Des écrivains et des écritures au musée : pour quels regards ? 

Un écrivain en visite au musée, un autre commissaire invité, un autre encore en résidence pour écrire sa nuit au musée : le regard des écrivains sur les musées est de plus en plus sollicité ! Que nous disent-ils de ces lieux, quand ils ne décrivent pas des peintures ? Musée mausolée, élitiste, fruit de la colonisation, collections fétichisées ou expositions à la solde du marché de l’art ? À moins que le musée ne devienne lieu de vie et de sociabilité… aux personnages hauts en couleurs, qu’ils soient gardiens, commissaires, visiteurs. Dans cette conférence au cours de laquelle les textes seront lus, Isabelle Roussel-Gillet interrogera la présence des arts littéraires au(x) musée(s), dans toute leur diversité.

Au musée d’Art et d’Histoire (Chaumont), 20h30