Contre le harcèlement scolaire, le collège Paul-Claudel de Wassy est à la pointe de la lutte. Elèves, enseignants, administratifs, personnels du Conseil départemental de la Haute-Marne et direction se sont engagés dans la démarche pHARe qui prend tout son sens en cette journée nationale du 9 novembre.

La journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école se déroule chaque année le premier jeudi qui suit les vacances scolaires de la Toussaint. Au collège de Wassy, l’engagement dans cette lutte va encore plus loin en étant, depuis 2021, en Haute-Marne, le pilote du programme pHARe. Ce plan global mené par l’Education nationale a pour but de prévenir et de traiter des situations de harcèlement entre élèves. 

Cyril Scarcelli, principal adjoint du collège, explique que la proximité du lycée professionnel et de l’école rend la démarche cohérente et globale. Il détaille : « toute une série de mesures doit être respecter. En fait, il s’agit de la mise en musique de ce qui existait avant. Le programme pHARe est comme un label pour le collège et donne une visibilité pour les familles, le personnel et les enseignants ».

Cinq référents au harcèlement

Très concrètement, au sein de l’établissement, cinq personnes sont référentes de la lutte contre le harcèlement : trois enseignants, l’infirmière scolaire et le conseiller principal d’éducation. Ils pilotent l’action aux côtés du principal et principal adjoint du collège.

Ensemble, toutes les semaines, ils effectuent un point sur chaque situation signalée et qui pourrait être alarmante. Cyril Scarcelli insiste : « toutes les situations sont prises au sérieux et si le harcèlement est avéré, le processus s’enclenche avec une médiation entre les parties et les solutions envisagées ». Il précise que les référents sont formés pour repérer « les signaux faibles » et que l’intervention monte en gradation si la situation est « plus enkystée ».   

Des heures banalisées

A ces cinq personnes en veille permanente s’ajoute l’obligation de consacrer 10 heures de cours sur la thématique du harcèlement dans toutes les classes, de la sixième à la troisième. Ces heures banalisées permettent l’intervention d’associations ou de troupes de théâtre, la diffusion de films. A noter la distribution de brochures aux familles dès l’école primaire pour les informer ce « ce qu’est et ce que n’est pas le harcèlement ».

Cyril Scarcelli évoque aussi, depuis 2022, la mise en place « d’ambassadeurs collégiens contre le harcèlement ». Ils sont neuf volontaires et ont pour mission d’accompagner les autres élèves, de les former et de les mobiliser. Par exemple, pour cette journée nationale de lutte contre le harcèlement à l’école, ils ont distribué des bracelets verts à l’ensemble des collégiens. La sensibilisation commence par là.   

Un harcélomètre contre le harcèlement

Enfin, de manière originale et très parlante, le collège de Wassy a mis en place un « harcélomètre ». Présenté sur 2,4 m de haut, il permet à chaque collégien de se positionner sur ce qu’il vit, de la présence d’amis autour de lui aux bousculades. L’outil permet de mesurer sa situation qui, fréquemment, en raison d’une surmédiatisation du problème, se révèle ne pas être du harcèlement.

Au final, Cyril Scarcelli explique que la lutte contre le harcèlement scolaire est « dans le paysage quotidien des élèves en sachant vers qui se tourner en cas de problème. Cette approche globale permet des détections et des interventions précoces ». Depuis 2021, il note l’évolution des consciences tant chez les collégiens que parmi le personnel du Conseil départemental de la Haute-Marne pour tendre vers le « vivre ensemble, les échanges et la discussion ». Par contre, il s’alarme de toutes les situations de harcèlement naissent sur les réseaux sociaux. Il parle de phénomène de meute dangereux et de véritable plaie pour les plus jeunes.

Frédéric Thévenin

frederic.thevenin@haute-marne.fr

Une enquête nationale dans tous les collèges

Ce 9 novembre, dans le cadre de la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, tous les autres établissements de Haute-Marne ont consacré deux heures à répondre à une enquête de l’Education nationale. Tous les élèves remplissent un questionnaire anonyme rédigé par des experts. L’objectif est de libérer la parole, d’identifier des situations de harcèlement et de trouver des solutions.

L’enquête permettra de remettre à jour des données qui datent de 2011 en prenant en compte le cyberharcèlement. Les résultats seront présentés à la fin du mois de novembre.